Méthodologie

La revue de la littérature présage que les phénomènes de l’accrochage et du décrochage sont multidimensionnels et complexes. Dans le cadre de cette recherche, une approche quantitative est nécessaire pour, d’une part, mesurer les relations entre les facteurs, d’autre part, évaluer leurs poids respectifs dans le décrochage et/ou à l’accrochage ainsi que leur mécanisme d’interaction. Par ailleurs, une approche qualitative s’avère aussi importante pour donner la parole aux acteurs des systèmes éducatifs sur le thème de la recherche.

L’ethnométhodologie permet d’aborder la réussite scolaire (accrochage) ou la vulnérabilité (décrochage) comme une construction des individus dans leurs actions scolaires quotidiennes. Dans le cadre de cette étude, c’est le devis mixte séquentiel explicatif que nous adoptons. C’est une méthode dans laquelle l’approche quantitative est suivie par celle qualitative afin d’approfondir les résultats quantitatifs trouvés.

Mini page intégrée : Méthode de collecte

Une méthodologie mixte basée sur des approches empiriques quantitatives et qualitatives a été mise en œuvre pour la réalisation de cette étude. Cette méthodologie nous offre la possibilité d’avoir une vision globale à la fois descriptive, explicative et prospective du phénomène étudié. Elle implique la collecte de données familiales, scolaires et individuelles.

Le projet a suivi une cohorte d’élèves sur une période de 2 années scolaires, de la dernière classe du primaire à la première classe du secondaire. Il s’agit donc d’une enquête en deux phases en 2021 et 2022.

La première phase de collecte a permis de poser les bases et de prendre contact avec une cohorte d’élèves inscrits en dernière année du primaire au cours de l’année scolaire 2020-2021. Conformément aux objectifs de cette recherche, cette phase de collecte a ciblé 4 acteurs (parents, élèves, enseignants et directeurs d’établissement). En dehors des caractéristiques socio-démographiques, nous avons collecté chez les jeunes élèves les informations actuelles et rétrospectives sur leurs scolarisations (historique du rendement scolaire, méthodes de travail, comportements scolaires, éléments de difficultés scolaires, intégration scolaire, perception de l’école, relation élèves-enseignant, suivi scolaire des parents, relation avec les pairs, etc.) et leurs personnalités psychosociales (estime de soi, comportement social, les éléments de dépression, vie en famille, etc.). Ensuite nous avons collecté chez les parents d’élèves des informations sur leurs caractéristiques socioéconomiques, leur engagement dans la scolarité de l’enfant, ainsi que les informations sur le suivi scolaire. Nous avons essayé aussi d’estimer l’influence de leurs croyances (religieuses, coutumières, sociales) sur les décisions en faveur ou défaveur du décrochage/accrochage scolaire. Enfin au niveau de l’institution scolaire, nous renseignons sur le climat scolaire en particulier les règles scolaires en vigueur, les conditions d’accueil, les effectifs par classe, le nombre d’élèves par section pédagogique et par enseignant, la qualification et la formation des enseignants, le matériel didactique et les manuels scolaires, mais aussi l’absentéisme des enseignants qui réduit sensiblement le temps effectif d’enseignement-apprentissage sans omettre les pratiques

Concernant l’enquête qualitative, le guide d’entretien est exclusivement administré aux directions d’établissements. Toutefois, des questions ouvertes sont prévues dans les outils quantitatifs pour avoir des discours des différents acteurs.

Échantillonnage

Le projet cible les jeunes élèves en décrochage et en accrochage, les parents d’élèves, les enseignants, tout en garantissant une représentativité relative au milieu de résidence (urbain, rural).

Le plan d’échantillonnage adopté est multi phases. La première phase de l’étude a consisté à une sélection d’une dizaine d’écoles primaires par pays à travers un échantillonnage stratifié par milieu de résidence (rural, périurbain, urbain) et position géographique (Nord ou Sub). Dans chaque école retenue, tous les élèves en dernière année de l’école primaire au cours de l’année scolaire 2020-2021 ont été retenus leurs parents ont été enquêté, de même que tous les enseignants (de la dernière classe du primaire) de chaque école primaire sélectionnée.

Lors de la deuxième phase, un minutieux travail de suivi de cohorte a permis de localiser et d’enquêter les élèves qui n’étaient pas inscrits au secondaire, de même que ceux qui s’étaient inscrits, mais ont décroché avant la période d’enquête et tous ceux qui décrochent avant l’année scolaire 2021-2022. Pour ceux qui étaient inscrits au secondaire, nous avons repéré les écoles secondaires qu’ils fréquentent, ainsi que les enseignants principaux (PP) de la première année du secondaire (sixième), aux fins de procéder aux enquêtes. En considérant une déperdition d’environ 10 % lors de la reconstitution de cohorte, nous avons majoré la taille de l’échantillon afin de pouvoir réaliser notre étude effectivement sur au moins 1600 élèves (400 par pays). Ce chiffre n’est pas choisi au hasard ; il permet en effet avec une marge d’erreur de 5 % et un taux de confiance de 95 % d’avoir une taille d’échantillon susceptible de favoriser la représentativité de l’échantillon final.

Traitement et analyse de données

Pour le traitement et l’analyse des données, nous avons adopté une combinaison des méthodes statistiques, qualitatives et quantitatives. Après l’usage des méthodes descriptives pour examiner les relations bivariées et multivariées entre des facteurs familiaux, individuels et scolaires du décrochage/accrochage des jeunes élèves, nous avons procédé à une analyse explicative basée sur les méthodes d’analyse en pistes causales. Cette méthode d’analyse intègre aussi les effets directs et indirects du décrochage. Les méthodes d’analyse en pistes causales font partie de la catégorie des méthodes structurelles. Elles permettent d’expliquer l’impact du contexte (facteurs scolaires et familiaux) et des caractéristiques individuelles sur le décrochage ou l’accrochage des jeunes élèves par l’intermédiaire des variables psychologiques qui décrivent l’affectivité négative ou positive des jeunes élèves (Rascle & Irachabal, 2001). Les méthodes en pistes causales permettent également « d’aller au-delà d’une simple description des liaisons entre variables et d’envisager le sens de leurs effets » (Poncelet & Lafontaine, 2011, p. 72).

Formation des agents de terrains

La formation des agents de terrain a pour but de réduire les lacunes, d’améliorer les compétences et les connaissances afin de mener à bien les enquêtes auprès des élèves, les parents, les enseignants et directions d’établissement. L’équipe technique du projet à travers des formations à renforcer les capacités des membres des équipes pays ainsi que l’ensemble des agents de terrain par pays avec une assistance technique minimale, tout en maintenant la plus haute qualité tout au long des périodes de collecte de données.

Les différentes formations concernent : utilisation des applications mobile CSPro (administration des questionnaires) et Epicollect (administration du guide d’entretien) mais aussi la maitrise des différents formulaires de collecte et leur formulation en langue locale.

Dissémination des résultats

Le projet TranSco diffuse les résultats de la recherche et facilite leur utilisation dans la conception et l’évaluation des politiques/décision (pour l’amélioration des systèmes éducatifs) par des séminaires, colloques, symposiums scientifiques, de documents axés sur le public, d’outils Web et d’autres technologies qui traduisent les données en informations accessibles à un large éventail de publics.

Traduction des résultats clés en langues nationales.

Diffusion sur les radios communautaires

Séminaire, colloque, symposium

Publications scientifiques

Protection de la vie privée des répondants

Le Projet TranSco maintient des normes strictes pour protéger la vie privée des répondants dans toutes les enquêtes. Les différents outils ont été examinés par un comité scientifique de l » AUF et également par la direction de INFRE. Les différentes phases de collecte étant approuvées et homologuées par les autorités locales et ministérielles de chaque pays, sont donc conformes et respectent les normes de ces pays.

Participation éclairée et volontaire

Avant chaque entretien ou prise de photo, une déclaration de consentement éclairé est lue au répondant, qui peut accepter ou refuser de participer. Un parent ou un tuteur doit donner son consentement avant la participation d’un enfant ou d’un adolescent. Les déclarations de consentement éclairé du projet TranSco fournissent des détails concernant :

  • Le but de l’enquête
  • La durée prévue de l’entretien
  • Procédures d’entretien
  • Risques/avantages potentiels pour le répondant

Plus important encore, la déclaration de consentement éclairé souligne que la participation est volontaire ; que le répondant peut refuser de répondre à toute question, refuser toute prise de photo de lui ou de son environnement ou mettre fin à sa participation à tout moment ; et que l’identité et les informations du répondant resteront strictement confidentielles. Il y a eu à cet effet des cas de refus de participation.

Vie privée et confidentialité lors de la collecte et du traitement des données

Les entretiens se sont effectués de manière aussi privée que possible. Au sein d’une même famille, un élève éligible ne peut être interrogé en présence d’une autre personne. La confidentialité est particulièrement importante lorsque les élèves donnent leur perception des pratiques éducatives de leurs parents, car les questions peuvent impliquer des sujets sensibles tels que la maltraitance physique, financière ou psychologique. Les agents de terrains et les superviseurs ne sont autorisés à discuter des données qu’avec les autres membres de l’équipe, et ces conversations sont limitées aux communications essentielles.